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Si tu es perdu, je te conseille d'aller au premier chapitre du roman, qui est tout à la fin, ici.


jeudi 16 juillet 2015

Josselin part2 - Les chambres vides


                                                                                                         ♫ Tarja Turunen ~ Damned and Divine


   Josselin 2


   Il s'appelait Josselin Marchant ; il avait 25 ans et travaillait dans des vignes pour une misère. Il venait d'une famille modeste et, ne faisant pas partie de l'élite, se débrouillait comme il pouvait pour vivre.
    Evidemment, la mémoire ancienne lui revenait en premier, comme pour lui indiquer qu'il n'était pas encore devenu complètement fou. Mais cette netteté dissimulait les évènements récents avec une opacité déconcertante. Il participait néanmoins bel et bien à une expérience, bien que sa réminiscence ne lui permit pas de se rappeler laquelle.
    Le Docteur Marsh s'était occupé de lui. Il a été attentif à ses craintes et il lui a expliqué comment tout était censé se passer. Josselin avait été désigné par des tests psychologiques et physiques. Apparemment, il représentait un sujet modèle pour cette expérience. Un poids très important pesait sur ses épaules.
    Josselin se tint la tête dans ses mains.
   
Il faut vraiment que je retrouve ce fichu carnet ! Rien ne veut sortir de plus de ma tête... Le docteur m'avait bien prévenu qu'il y aurait toutes sortes de problèmes mentaux qui surviendraient, mais cette perte est juste insupportable... Surtout que je sais que je fais quelque chose de très important !
   
Il désirait ardemment revenir au lendemain de sa fête, lorsqu'il ne voulait surtout pas se souvenir des évènements passés parce que le présent apportait plus de soulagement. De plus, à ce moment-là, Clémentine l'attendait avec une certaine impatience. Elle guettait son coup de téléphone sans pouvoir appeler la première ; c'en était émouvant. Josselin était un peu trop fleur bleue à son goût, mais il ne pouvait s'empêcher de rougir en imaginant une jolie jeune fille aller à sa rencontre.
    Bien sûr, il avait consciemment abandonné Clémentine pour venir ici, à ses risques et périls.
    Les autres portes du couloir restaient définitivement fermées, et peut-être valait-il mieux qu'elles le soient. La pièce au bout du couloir ressemblait à un salon, mais un très grand salon, servant à accueillir un certain nombre de personnes. Des colonnes soutenaient le plafond décoré d'une façon douteuse à la manière des peintres de la Renaissance. Des chaises disposées ça et là étaient renversées pour la plupart, comme si les gens avaient dû partir précipitamment.
    Au moment où Josselin y pénétrait, un bruit sourd retentit. Il cessa tout mouvement, les battements du cœur s'accélérant. On aurait dit qu'une masse énorme avait fait trembler les murs du bâtiment.
   
Génial, je suis tombé sur une zone instable. Totalement. C'est ce qui pouvait m'arriver de pire.
   
Dans son esprit, Josselin se rappelait que les zones instables étaient des lieux où la réalité avait été modifiée. Il pouvait s'y produire n'importe quoi, pas forcément de réel, mais impactant invariablement sur tout être vivant qui y pénétrait. En pensant à ça, son mal de crâne allait avoir du mal à disparaître.
    Josselin n'avait plus aucune raison de rester ici, si ce n'était pour retrouver son carnet. Il traversa la pièce en essayant de ne plus se laisser distraire par quoi que soit et aperçut le couloir précédent qui continuait après le grand salon. A côté, une porte ouverte amenait à un cabinet d'observation dont les vitres, donnant sur le salon, gisaient en morceaux à terre. A l'intérieur, seul un bureau rempli de paperasse était présent. En regardant rapidement, Josselin put lire des rapports parlant de patients malades. Il se trouvait vraisemblablement dans un hôpital, et à en considérer les rapports, ils traitaient de maladies psychiatriques.
   
C'est pour ça que c'est une zone instable. La réalité est fortement influencée par l'esprit des gens. Ici, elle n'a plus vraiment prise puisqu'elle est confrontée à des pensées psychotiques...
   
Au vu de l'état des lieux, il y avait déjà un certain temps que l'hôpital était désaffecté. Ce qui ne l'empêchait pas d'être encore « hanté ». Josselin s'attendait encore à voir des affichages l'aidant à comprendre la nature de l'endroit, mais la seule chose qu'il arrivait à lire partout sur les murs, c'était la consigne : « 13. L'unique exemplaire du règlement complet se trouve affiché à l'accueil. ».
   
Ca me fait une belle jambe de le savoir... Il n'y a même pas de plan nul part.
   
A moitié rassuré de savoir où il se trouvait, Josselin ressortit du cabinet et entreprit de visiter de fond en comble pour retrouver son carnet. Si cet endroit était déformé, l'extérieur ne devait pas être forcément mieux. C'était plus sûr de savoir à quoi s'attendre.
    Il se rendit vite compte qu'il marchait dans le rez-de chaussée d'un bâtiment plus grand encore. Il était passé devant un escalier qui descendait et un qui montait. Les autres pièces de l'étage, du moins celles qui étaient accessibles, ne renfermaient rien de très intéressant. Il y avait des bureaux, semblables à celui qu'il avait visité, remplis de papiers sur les patients et de fournitures usuelles mais non utiles à quoi que soit d'autre. Josselin lut d'ailleurs des états de fait plutôt étranges, comme des patients dotés de pouvoirs, des armoires où disparaissaient des objets, des grenouilles, araignées, rats ou autres animaux chimériques errant dans les couloirs... Il croisa même sur son chemin des inscriptions notées sur les murs avec ce qui semblait être du sang. « 
Le directeur n'existe pas », « Ne parlez pas aux chats », « Les élus sont envoyés à la morgue », des phrases toutes invraisemblables, mais qui prenaient une certaine logique dans ce genre d'endroit.
    La porte d'entrée du bâtiment se trouvait également sur sa route, mais elle était elle aussi recouverte de lourdes planches en bois soudées au mur. Josselin en eut des frissons, se prenant à croire qu'on l'avait enfermé et que quiconque pénétrant ici n'en ressortirait jamais. En tout cas, même si ce n'était pas sa principale préoccupation, il faudrait qu'il songe à sortir d'ici à un moment ou à un autre.
    Une fois le rez-de-chaussée fouillé, Josselin se mit en tête d'aller à l'étage. Le sous-sol ne l'inspirait pas vraiment, donc il n'était pas pressé de s'y trouver.
   
Si je pouvait même éviter d'y aller tout court, ça me soulagerait à un point...
   
Le premier étage était plus austère qu'en bas. Ici, plus de tapis vieillot, ni de miroir bizarre. Aucune décoration ni aucune autre fantaisie d'aucune sorte. L'agencement se contentait d'un unique couloir menant à des pièces alignées de chaque côté. En se rapprochant des portes ouvertes, Josselin put en déduire que les chambres appartenaient aux patients. Seuls un lit et quelques affaires y résidaient. La perspective de chercher dans des chambres où avaient élu domicile des gens fous dotés de pouvoirs ne l'enchantait guère. Il craignait d'un coup de pouvoir faire de mauvaises rencontres.
   
Allez vieux, te décourage pas maintenant. Il faut que tu te concentres, et tout ira bien.
   
Puis il fut pris d'un vertige à la vue de ce couloir aux innombrables portes. Il lui semblait qu'il se déformait et s'allongeait pour paraître mesurer des kilomètres et des kilomètres. Josselin se tint un moment au mur, les jambes flageolantes, le souffle court. Il avait l'impression de faire un malaise, le courage le quittant de plus en plus. Il n'avait aucune envie d'avancer, c'était trop dur. Pourquoi était-ce si difficile ? Il tenta de se redresser plusieurs fois, d'avancer de quelques pas, alors que la sueur froide coulait sur son front. Le bout était beaucoup trop loin. En s'appuyant sur une porte, Josselin bascula dans une des chambres avec force, s'écroulant sur le sol de la pièce. Une douce lumière chaude attira son regard. En relevant la tête, il s'aperçut que la chambre était habitée. Sur la table de chevet, à côté du lit, brillait une unique bougie. Sa flamme était belle et bien allumée et bougeait dans un rythme frénétique. Josselin se redressa rapidement, effrayé, mais la frayeur l'écrasait littéralement au sol.
   
Je ne peux plus bouger, c'est horrible ! Comment je peux faire pour résister à ça ?
    C'était un cauchemar et non la réalité, mais il ne pouvait pas se mettre cette idée dans le crâne.

    L'hôpital est désaffecté. L'hôpital est désaffecté. L'hôpital est désaffecté. L'hôpital est désaffecté. L'hôpital est désaffecté. L'hôpital est désaffecté. L'hôpital est désaffecté. L'hôpital est désaffecté.
   
Un bourdonnement bruyant passa dans son oreille pour traverser sa tête, puis des voix retentirent, des rires inquiétants. Josselin ne pouvait pas se laisser abattre. Quelque chose l'empêchait d'abandonner. Il avait l'impression d'être conditionné pour se battre.
   
Sûrement le docteur Marsh, il a dû m'implanter un truc dans la tête.
    Soudain, Josselin eut une idée. Jamais il n'aurait pu penser à ça en temps normal, mais il semblait être réellement fait pour parer à toute éventualité. La bougie luisait toujours de sa lueur macabre, et la chambre possédait un nombre d'objets incalculables. Réel ou non, Josselin se dressa sur ses bras, rampant à quatre pattes pour atteindre le lavabo. Il s'accrocha au rebord pour attraper ce qui trainait au bord, comme tout et n'importe quoi s'y trouvait. La petite fille derrière lui continuait à rire, il ne pouvait l'ignorer. Il allait peut-être mourir s'il n'agissait pas très vite. Il brassa le lavabo du bras, fit tomber une multitude de petits objets, puis ramassa une lame de scalpel. Sans plus hésiter, il leva le bras derrière lui et se planta la lame dans la nuque.
***

La suite dimanche 19 juillet !


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