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Si tu es perdu, je te conseille d'aller au premier chapitre du roman, qui est tout à la fin, ici.


lundi 28 septembre 2015

Josselin part7 - La course à l'espoir



   Josselin 7



   Des gouttes tombant du plafond. Un grondement sourd.
    Josselin se réveilla en sursaut, haletant comme s'il avait couru un marathon. Il se tint les bras, passa les mains sur son visage, se tapota les joues. Il n'avait rien. Tout allait bien. Il tenta de retrouver sa respiration en se massant le front. Tout cela n'avait donc été qu'un affreux cauchemar sorti d'outre-tombe, ou plutôt du fond de l'enfer. Autour de lui, il reconnaissait ce décor familier. Il était dans la salle principale du rez-de-chaussée, où il avait été quelques heures auparavant. Quoique... c'était il y a peut-être juste quelques minutes. Josselin ne se souvenait plus. Tout ce qu'il avait vécu devait forcément s'être produit, il n'avait pas rêvé. Pourtant, tout lui semblait confus, et il était là, en une seul morceau.
    « 
Il ne faut pas avoir peur comme ça, Monsieur Marchant. Personne n'aime en passer par là, mais il faut tôt ou tard. »
   
Josselin en tremblait encore. Il n'avait jamais rien vécu d'aussi épouvantable. En même temps, il passait son temps à se faire cette réflexion en ce moment. Ce docteur était un monstre ; il avait essayé de l'opérer, de le découper ou quelque chose dans le genre. Néanmoins, Josselin sentait qu'il n'avait rien, à part une légère migraine sur la gauche de sa tête. Il se palpait tout le corps pour vérifier, mais rien ne lui semblait différent.
   
Je vais pas me plaindre de rien avoir, mais quand même. J'ai dû rêvé...
   
Il était plus que temps de partir. Josselin n'avait plus rien à faire ici, il devait sauver le monde. Il ricana de sa propre pensée. Il n'avait pas le profil d'un super-héros, plutôt d'un cobaye envoyé là où personne ne voulait aller.
    L'hôpital était redevenu vide et silencieux, ce qui n'était pas plus rassurant. Josselin retourna là où il se souvenait avoir trouvé la porte d'entrée. Mais une nouvelle chose le frappa. Elle n'était plus là. Il n'y avait rien, rien qu'un mur nu et décrépi. Josselin se précipita devant celui-ci et frappa. Encore un tour de l'hôpital. Cet endroit changeait de forme à volonté. Quelles étaient les chances de sortir d'ici s'il n'y avait plus aucune sortie ?
    « Laissez-moi sortir d'ici !! »
    Crier n'allait sans doute amener à rien. Mais à un cas aussi désespéré, on tentait tout ce qu'on pouvait faire pour se sortir d'ici.
   
Crier va attirer les autres.
   
Josselin entendit une voix dans sa tête, et il la reconnaissait. C'était la voix de la petite fille. Il se retourna pour chercher son image. Elle était là, assis sur la première marche de l'escalier qui montait, les cheveux dégoulinant de part et d'autre de son visage, son ours en peluche dans ses bras. Il fit un pas vers elle, mais elle disparut aussitôt.
   
Tu ne m'attraperas pas !
    Elle lui parlait encore dans sa tête, mais bien sûr elle n'était pas réelle.
    « Et qu'est-ce que je dois faire pour sortir d'ici ! Hein ? Demanda-t-il à la fillette dans l'espoir fou qu'elle lui réponde. »
    Rien de plus que le silence qui régnait jusqu'ici.
    « Tu n'en sais rien ! Pas plus que moi ! J'en ai marre de tourner en rond comme un lapin en cage ! »
Il donna un coup de pied dans le mur, ce qui eut pour effet de lui asséner une douleur fulgurante sur le bout des doigts de pied. Mais il n'en avait cure, tant qu'il n'avait pas de solution.
   
Je te déconseille de les faire venir...
   
« J'en ai rien à faire ! Se mit à hurler Josselin, sous le coup de la colère. Qu'ils viennent, qu'est-ce que ça peut bien me foutre ?! Je suis dans un hôpital psy, j'ai été poursuivi par un truc bizarre, un docteur m'a peut-être charcuté ou pas, et je vois des fantômes partout ! Qu'est-ce qui peut bien m'arriver de PIRE ?!? »
   
Tant pis pour toi.
   
Josselin eut envie de lui répondre une nouvelle fois, mais un battement venu des profondeur l'en empêcha. Un autre se fit entendre, comme les battements d'un tambour gigantesque qui résonnerait dans les couloirs. Josselin déglutit. Il avait l'impression d'avoir vécu une scène similaire. Bientôt des hordes de monstres arriveraient et se jetteraient sur lui. Alors qu'il était tout seul. Il fallait qu'il s'enfuit, mais fuir où ? Les battements continuaient, de plus en plus rapprochés. Ils arrivaient du sous-sol.
   
Cours.
   
Josselin ne fit pas prier et il se précipita dans l'escalier qui montait à l'étage. C'est à ce moment qu'il perçut les cris, les piaillements qui retentissaient derrière lui. Il était poursuivi, et bientôt, il serait rattrapé par tout ce qui vit ici. Etait-il possible d'être aussi bête pour attirer à lui toutes les horreurs qu'il avait tenté de fuir ? Mais à quoi bon courir, si c'est pour atterrir à un cul de sac.
    L'escalier était plus grand que prévu, mais Josselin eut l'impression qu'il y faisait moins sombre. Pour l'instant, il ne menait nul part. Tout se ressemblait. Même les ombres étaient les mêmes, les ombres qui se mettaient à bouger et à entourer le couloir de marches. Josselin faillit trébucher, mais il se reprit rapidement. Il n'avait pas le droit de s'arrêter, ni même de se retourner. Quelque chose était  derrière lui, reniflant, soufflant, non loin.
   
Monte sur le toit.
   
« Mais je sais même pas comment on accède au toit ! Haleta Josselin sans s'arrêter. »
    Il était possible qu'en montant au dernier étage un escalier de secours démarre du sol pour aller au plafond et au-delà, permettant ainsi de sortir à l'air libre. Mais Josselin en doutait fortement. Si l'hôpital était capable de se transformer au gré de ses envies, ou de l'envie de ses occupants, il ne pourrait jamais sortir par une sortie prédéfinie.
    Ou peut-être l'hôpital obéissait-il à certaines règles.
   
C'est pas trop de le moment de se torturer l'esprit sur des hypothèses à dormir debout ! Rien n'est cohérent ici, je vois pas pourquoi il y aurait des règles.
   
Derrière lui, l'hôpital grondait. Josselin sentit les larmes de détresse couler sur ses joues. Il ressentait de la terreur, la terreur de se faire engloutir, de ne pas savoir ce qu'il adviendrait de soi si jamais la chose le rattrapait. Mourir était différent, quand on savait comment on décédait. Ça aurait été presque plus apaisant.
   
A droite.
   
Josselin ne réfléchit pas et, lorsque les escaliers atteignirent un palier menant à une nouvelle porte, il s'y engouffra, la faisant claquer derrière lui et continuant à courir. Il atterrit dans un long couloir, parsemé de fenêtres trop hautes laissant entrevoir toujours le même paysage, celui d'un ciel orangé couvert de sombres nuages. L'apocalypse était en marche. Des lits d'hôpital barraient le passage par dizaines. Ils n'étaient pas placés là par hasard et Josselin dut faire du entre-dedans pour arriver à avancer.
    Il n'osait toujours pas se retourner.
Dépêche-toi !
    « Je voudrais bien t'y voir ! »
    Au moment où il sauta par-dessus un des lits, quelque chose lui attrapa le pied, le forçant à tomber. Il hurla, s'accrochant à un pied de lit. Mais les roulettes du lit le faisaient glisser vers là où il ne voulait surtout pas être. Josselin donna des coups de son pied libre sur l'espèce de main qui le tenait. Il s'accrochait à tout ce qu'il pouvait pour arrêter de reculer. Un lit se coinça entre deux et il s'arrêta d'un coup sec. En reprenant ses esprits, il en profita pour écraser la main qui le lâcha avec un couinement de surprise, lui donnant l'occasion de se précipiter vers la sortie.
    Il y était presque, la porte était à deux doigts de lui, il pouvait la toucher. Et il fit l'erreur de se retourner.
    La créature était juste derrière lui, le regardant de ses yeux à moitié humains, le corps décomposé par la meurtrissure de la mort. Josselin fut glacé d'effroi.
    Un cri retentit et Josselin se reprit. C'était une voix humaine, un appel. Il passa la porte et découvrit l'échelle dont il rêvait. Au sommet de celle-ci, une main humaine au bout d'un bras s'engouffrait depuis une trappe qui devait mener à l'extérieur. Josselin ne se fit pas prier et grimpa aux barreaux.
    « Monsieur Marchant, vous ne m'échapperez pas si facilement ! »
    La voix du docteur retentit derrière lui, mais il savait qu'elle était maintenant très lointaine. Josselin avait dépassé les limites de la zone instable. Il sortait enfin.
    Arrivant au bout de l'échelle, il tendit la main et attrapa celui qui le sauvait de cet enfer.


    En s'extirpant de ce lieu, Josselin redécouvrit ce qu'on appelait l'extérieur. L'air lui soufflait sa fraicheur au visage, la lumière perçait à travers les nuages pour éblouir ses yeux habitués à l'obscurité, et tout avait la douceur de la liberté. La trappe menait directement sur le toit du bâtiment où il avait été enfermé si longtemps. C'était un toit pentu, mais assez peu pour pouvoir s'y raccrocher facilement. Il était fait complètement de pierre, du haut jusque dans les murs qui atteignaient une hauteur imposante.
    Josselin dut se tenir aux rebords de la trappe pour ne pas tomber. La sensation de liberté et le brusque retour à un espace considérable lui avait fait perdre l'équilibre, le faisant chanceler par le vertige qui lui monta à la tête. Lorsqu'il pu enfin voir ce qui l'entourait, il faillit défaillir une nouvelle fois.
    Il s'attendait à quelque chose, quelque chose qui aurait pu l'éclairer, le réconforter. Il espérait pouvoir sortir de cet enfer pour rejoindre un endroit accueillant. Mais ce qui s'étendait devant lui n'augurait rien de bon pour la suite. Un village tout ce qu'il y avait de plus rural se déployait autour du bâtiment. Composé à la fois de vieilles maisons et de nouvelles bâtisses, il avait dû y faire bon vivre, au temps où il était habité. A présent, il ne restait que le silence, à peine brisé par le vent et le chant des oiseaux qui se faisait le plus discret possible. Aucune animation de quelque sorte ne venait troubler l'ordre d'une ville déserte.
    Le cœur lourd, Josselin ne s'était jamais senti si démuni de sa vie. Alors il se tourna vers son sauveur, dont il avait seulement aperçu la main.
    Assis sur l'arête du toit, l'inconnu demeurait figé dans une pose dramatique et majestueuse. Pourtant, il n'avait rien d'un héros de films d'aventure. Paré de sa plus belle chemise à carreaux, dont le blanc était parsemé d'usure et dont le rouge délavé tirait ses dernière lueurs, l'homme portait seulement un vieux pantalon de jean et un t-shirt simple ayant vécu de meilleurs jours. Son visage arrondi était austère, renfermé et mal rasé, les yeux cachés par des lunettes dont le verre gauche avait souffert de plusieurs fissures. Il paraissait grand, mais pas très vieux.
A peine plus vieux que moi, se dit Josselin.
    Il se tourna vers lui, le perçant de ses yeux bleus.
    « Bienvenue dans le vrai monde, s'écria-t-il en forçant sur sa voix plutôt douce. Dans quelques temps, tu ne vas pas beaucoup me remercier de t'avoir tiré de là. »
    Josselin se redressa, osant alors lâcher prise et maîtriser la gravité. Il plissait encore des yeux sous l'effet de la lumière, mais répondit à l'homme.
    « Mais qui es-tu ? Et où sommes-nous au juste ? »
    La réponse lui étant sûrement négligeable, l'autre haussa les épaules.
    « Nous ne sommes plus chez nous. »
    Josselin n'eut pas le temps de répondre qu'il fut frôlé par quelque chose d'apparemment vivant et de volant. Lorsque la chose revint vers lui, il n'en crut pas ses yeux. Il avait tout l'air d'être un oiseau, mais à la place des ailes et de la tête, il y avait un crâne aux orbites vides, et des os qui le faisait planer sans peine. Ouvrant son bec grisâtre pour se manifester, une plainte croassante en sortit, malgré l'absence évidente de cordes vocales. Josselin eut réellement envie de pleurer. Il ne savait pas où il était, mais une chose était sûre : il n'était pas sorti de sa torpeur.



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