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Si tu es perdu, je te conseille d'aller au premier chapitre du roman, qui est tout à la fin, ici.


mardi 1 septembre 2015

Josselin part5 - La chute


   Josselin 5


    La morgue. Cet endroit devait se trouver au sous-sol. Josselin déglutit. Il revoyait déjà les souvenirs de tout ce qui lui était tombé dessus durant ces dernières heures. Ce n’était sans doute pas grand-chose face à ce qui l’attendait là en bas.
    Josselin errait encore quelque temps dans cet étage, appréhendant le moment où il devrait se décider. L’ignorance de la situation l’avait rendu inconscient face au danger. D’habitude, c’était plutôt l’inverse. L’imagination avait tendance à envenimer les choses, à rendre les objets plus effrayants qu’ils ne l’étaient. Les esprits de ce bâtiment jouaient là-dessus pour impressionner les
intrus. Sans parler de la présence de l’inhibiteur. Josselin maugréait encore du fait que le docteur Marsh ne l’ait pas prévenu des effets de l’objet. Par habitude, Josselin n’avait même plus fait attention à cette puce introduite dans sa nuque. Une grande partie de la population en possédait un. Néanmoins, il se pouvait qu’il avait un lien avec le problème Otherworld…
    Ce n’est pas tellement le moment de réfléchir à l’avenir de l’humanité. Je suis coincé ici en attendant de trouver une sortie… ou un bon pied de biche.
    Josselin aspira une grande bouffée d’air, puis retourna vers les escaliers. En passant devant le débarras dans lequel il s’était caché, Josselin tiqua. Il fut persuadé pendant un instant que la pièce avait rétréci. Mais c’était sans importance.
    L’escalier avait l’air encore plus effrayant vu d’en haut. Josselin y mit un premier pied avec une lenteur extrême, comme si un piège allait se déclencher. La marque gluante n’y était plus. Qu’une créature étrange traine dans les escaliers était une chose. Que toute trace de cette créature ait disparu était d’autant plus effrayant. Comme si ça n'avait été qu’un mauvais rêve.
    En même temps, tu es dans une zone instable mon vieux. Rien n’est vraiment réel.
    Il descendit alors les marches, l’esprit aux abois. L’escalier tournait et tournait indéfiniment. Josselin en avait de plus en plus assez d’être seul. Il avait envie de pleurer et d’abandonner son corps dans un coin en attendant son heure. Mais ce n’était pas le moment de craquer. Sinon à quoi auraient servi les tests du docteur Marsh ? D’ailleurs Josselin se dit qu’il ne pouvait plus vraiment faire confiance au docteur, ou boire ses paroles comme s’il ne lui avait dit que la vérité. Il était un cobaye, les tests ne servaient à rien d’autre que de lui faire croire qu’il allait sur Mars comme un astronaute accompli. Et même Otherworld ; est-ce que ce projet existait bel et bien ?
    Tout ça n’était pas clair. Mais il n’y aurait peut-être plus jamais d’occasion d’aller se plaindre aux scientifiques. Cette maison pouvait très bien se retrouver être son tombeau.
    Une fois la dernière marche enjambée, Josselin souffla. Il leva la tête pour apercevoir un immense escalier en colimaçon qui semblait monter jusqu’aux étoiles.
    Ouh, je crois que la fatigue me monte à la tête.
    En baissant la tête, il se heurta à une porte d’ascenseur. La présence d’un tel appareil était étrange compte tenu de la teneur des lieux, mais surtout il y avait déjà un escalier qui menait au sous-sol. A moins que celui-ci ne mène en réalité à un autre endroit.
    C’est pas trop le moment de le prendre la tête là-dessus, il faut y aller.
    Josselin appuya sur le bouton rouge sur le coté, puis un bruyant grondement sortit de sous ses pieds. La porte tremblait légèrement pendant que la plateforme de l’ascenseur s’élevait jusqu’à cet étage. Le transport avait quelque chose d’antique, alors que l’hôpital semblait récent. Josselin songea enfin à quelque chose qui le fit reculer d’un pas.
    Merde, et si un truc sort de l’ascenseur quand ça s’ouvre ? Je suis pas préparé à ça, je veux pas revoir l’autre créature débouler devant moi !! Je devrais remonter. Après tout, il n’y a sûrement rien à faire en bas…
    La porte s’ouvrit et Josselin sursauta avec un hoquet de frayeur. L’espace exigu était vide, bien que rempli de toiles d’araignée et de grumeaux de poussière entassés dans les coins. Josselin appuya son pied sur la plateforme mais il ne fut pas plus convaincu que ça de la solidité de l’ensemble. Et pour cause : il ressemblait à un monte-charge conçu pour des taches industrielles. La cabine était en métal grossier d’où sortaient des gros boulons de chantier et le sol était grumeleux et résonnait dès qu’on le frappait un peu fort. Par-dessus le marché, le tout tanguait au moment de s’y introduire. Finalement, Josselin aurait peut-être préféré une créature affreuse.
    Malgré tout, prenant son courage à deux mains, il entra tout entier dans la cabine, crispé et s’attendant à ce qu’elle lâche à tout moment. Il agrippa la manette encordé qui pendait du plafond juste au cas il devrait s’accrocher à quelque chose au moment de la descente. Comme rien ne bougeait, Josselin se pencha sur la colonne de boutons affichée à côté de la porte. Il y en avait plusieurs, tous de couleur rouge, sans aucune différence physique pouvant donner un indice sur leur utilité. Josselin se décida alors à pousser le premier. L’ascenseur enclencha une vive secousse, vibra légèrement puis entama sa descente. Jusque-là, il semblait bien marcher et ne poser aucun
problème, mais Josselin n’en ôta pas pour autant sa main de la manette.
    Au bout de quelques minutes à peine, la cabine s’immobilisa et la porte s’ouvrit bruyamment.
    Pour la discrétion, c’est raté.
    Le sol était fait de carrelage humide, détrempé. Les murs en pierre dégoulinaient de mousse et de moisissures et de la boue sortait des fissures béantes. Une puanteur visqueuse se dégageait de cet étage. A l’époque, on aurait pu le prendre pour des sanitaires collectifs, mais à présent personne d’assez sale ne voudrait se servir de ces pièces. Un couloir semblable à celui du premier étage continuait tout droit et offrait des bifurcations menant sans doute à des douches ou des vestiaires.
Josselin n’avait aucune envie de s’introduire plus avant. Il gardait la main devant sa bouche, le nez bouché, évitant de respirer les émanations environnantes. De plus, ça ne ressemblait pas à une morgue, donc inutile de s’attarder.
    Cependant, avant de se pencher à nouveau sur les boutons, Josselin se décala pour maintenir son regard sur une fissure qui s’étendait au-dessus d’une ouverture. Elle se distordait. Josselin ne trouvait pas d’autre mot à mettre sur ce qu’il voyait. La fissure s’étirait en se tordant dans tous les sens, comme si le temps était accéléré pendant qu’il faisait son office en abimant le mur. Écarquillant les yeux pour mieux voir, Josselin entrouvrit la bouche pour laisser échapper un gémissement de plainte. Tandis que la fissure devenait plus large et ouverte, une patte fine, noire et velue en sortait, puis une autre, et encore une autre, essayant de s’extirper du trou à mesure qu’il écartait les parois. Paniqué, Josselin appuya sur un bouton au hasard, le mitraillant pour qu’il réagisse le plus vite possible, alors que d’autres pattes apparaissaient dans son champ de vision. La porte consentit enfin à se refermer, laissant Josselin s’aplatir contre le mur du fond, tremblant de tous ses membres, essayant de maintenir son calme.
    Puis un choc ébranla la cabine, faisant cesser toute activité. Josselin prit une bouffée d’air et se décolla du mur pour appuyer à nouveau sur un bouton. L’ascenseur se remit en marche avec peine. Tout à coup, un second choc heurta la cabine, et celle-ci se mit à accélérer pour descendre de plus en plus vite. Josselin jura contre lui-même, sachant pertinemment que ça devait arriver. Il se tint à l’entrée de la cabine, pendant que son rythme cardiaque accéléra à l’idée qu’il allait tomber au sol et s’écraser lourdement. Il recommença à appuyer sur des boutons pour tenter d’avoir une quelconque réaction. C’était presque trop facile que ça lui arrive maintenant. Pourquoi les esprits de cet endroit l’avaient laissé survivre pour le faire mourir dans un vulgaire ascenseur ? C’était ridicule. Josselin avait beau essayé de se le mettre en tête, il était toujours en train de descendre à une vitesse phénoménale dans les tréfonds de l’enfer.



                                                                                      ***
  Plus que deux chapitres avant le dénouement ! La suite pas avant deux semaines, je vais être très occupée.

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