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Si tu es perdu, je te conseille d'aller au premier chapitre du roman, qui est tout à la fin, ici.


samedi 19 septembre 2015

Josselin part6 - le docteur



   Josselin 6
 

    Et si tout cet univers n'existait pas ? Et si tout se qui se passait n'était que chimères ?
    L'esprit de Josselin était emmêlé dans un enchevêtrement de fils barbelés coupants qui retenaient ses peurs, prêts à l'enfermer dans ses cauchemars. Plus il voyait d'horreurs, plus la folie le gagnait. Physiquement, tout allait bien pour lui. Il ne s'était jamais réellement mis en danger. Il n'avait pas besoin de ça pour vivre dans la crainte.
    L'ascenseur descendait depuis un bon moment. Il menait certainement jusqu'en enfer. Cela n'aurait nullement étonné Josselin de voir les portes s'ouvrir sur un océan de flammes survolé par des diablotins ricanants. Il aurait été attrapé par les bras et mené vers Sa Seigneurie Lucifer, pour enfin connaître les tourments éternels.
    C'est vraiment trop judéo-chrétien comme vision. L'enfer est ici même, dans cet hôpital. Même mourir brûlé serait une délivrance comparé à ce que je vis depuis mon arrivée.
   
La cabine s'immobilisa brusquement. Josselin fut projeté sur le sol, heurtant violemment ses fesses contre la plaque de fer. Plus un bruit ne venait s'introduire dans cet espace exigu, même pas les grincements de la machinerie. Josselin attendit patiemment que la porte s'ouvre, cloué à terre, n'osant pas se relever. Mais aucun mouvement. Il fallait faire quelque chose pour sortir d'ici. Josselin se redressa sur les genoux et s'approcha des battants. Il les toucha du bout des doigts, glissant sur la surface rude et écorchée, n'y exerçant aucune pression. Il déglutit.
    Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas. Ce ne fut pas l'enfer qui attendait de l'autre côté, seulement une salle d'attente, décorée de manière aussi désuète que l'étage du bâtiment. Josselin jeta un regard furtif, puis entreprit de se lever. Dès qu'il posa les pieds sur le plancher de la pièce, une musique retentit. Une mélodie au piano qu'on aurait pu croire sortie d'une boîte à musique. Cet air lui dit quelque chose, mais il ne parvint jamais à placer un nom dessus.
    « Monsieur Marchant ? »
    Josselin sursauta au son de la voix qui venait de l'appeler. C'était une voix humaine, féminine. Il n'aurait pas cru l'entendre à nouveau un jour. Il fit quelque pas en direction du comptoir sur la gauche. Derrière celui-ci se tenait une femme habillée en infirmière. Avec la lumière, ses lunettes cachaient ses yeux, baissés sur les papiers qu'elle tenait. Josselin songea encore une fois à une ruse de l'hôpital. Cette femme ne pouvait pas être réelle, c'était impossible. Plus rien n'était vivant en ces lieux. D'ailleurs, l'intérieur de la pièce paraissait plus propre et neuf que le reste du bâtiment. Encore une illusion. Sur la droite, au-dessus de l'alignement de chaises, des affiches et des prospectus s'accrochaient aux panneaux de liège. Certains représentaient des têtes de personnes mises à prix. Mais les visages étaient flous, indistincts. C'était comme si l'ensemble avait été remis à neuf par un filtre photoshop mal fait.
    « Monsieur Marchant, le docteur vous attend. »
    L'infirmière s'était tournée vers Josselin et le regardait, même si ses yeux étaient toujours invisibles. L'interlocuteur se tourna vers elle, ne sachant pas quoi faire.
    « Le docteur ? Arriva-t-il à articuler.
    - Oui,
le docteur. Vous avez bien pris rendez-vous ? »
    Josselin eut du mal à se retenir de rire. Evidemment, avant de venir, il avait pris son téléphone et appelé le docteur pour prendre rendez-vous, car il était sûr de venir à cette heure
précise. Puis, il se reprit. Si l'infirmière le prenait mal, elle pourrait lui sauter au cou et le déchiqueter en un clin d'oeil. Personne n'était normal ici.
    « Ah, hum... oui, bien sûr. Je peux y aller ?
    - Je vous en prie. »
    L'infirmière replongea dans ses papiers sans lui prêter plus attention. Josselin avait essayé de lire sans succès l'étiquette collée sur sa poitrine, mais comme le reste du décor, elle restait floue. Quoique connaître le nom de son infirmière ne l'aurait pas aidé outre mesure.
    De l'autre côté du comptoir, une porte ouvrait sur le reste du cabinet. Sûrement là où l'attendait le docteur.
    Josselin hésita avant d'y entrer. Tout allait mal se passer, il le savait. Quelque chose attendait sa venue, là-bas dans les profondeurs. Cette chose ne pouvait pas être bienfaisante. Mais il n'y avait pas d'autre sortie, et l'ascenseur risquait de ne plus marcher.
   
Respire Josselin, c'est peut-être le seul moyen de sortir d'ici.
    Une grille bloquait la route. En poussant un peu, Josselin s'aperçut qu'elle s'ouvrait sans aucune difficulté. Une ampoule grésillait au plafond, renvoyant une lumière pâle dans le cabinet. Un homme de dos était affairé sur son plan de travail. Il ressemblait à un méchant dentiste, le genre de médecin qu'on n'a surtout pas envie de rencontrer et qui hante nos cauchemars d'enfant. Des bruits de roulette et d'instruments de torture se faisaient entendre. Josselin grimaça, l'estomac tordu par une frayeur indicible qui se développait en lui. Peut-être était-ce seulement la faim qui le grignotait petit à petit depuis ces dernières heures. Non. Cet homme lui donnait envie de fuir d'ici le plus loin possible. Comme tous les monstres qui habitaient l'hôpital d'ailleurs.
    En cognant son pied dans un manche de clé à molette, Josselin attira l'attention du docteur. Celui-ci se retourna et un grand sourire se dessina sur son visage. La grandeur de sa personne était compensée par son dos voûté et sa jambe métallique, remplaçant son membre gauche. Mais sa blouse blanche et ses rides d'expression ne trompaient pas. C'était un docteur diabolique, prêt à faire des expériences sur tous les sujets qu'il aurait sous la main.
    « Monsieur Marchant ? Je vous attendais... Installez-vous donc.
    - C'est-à-dire que... je ne suis pas malade vous savez. »
    Josselin ne bougeait pas. Il était hors de question qu'il s’assoit sur le lit d'hôpital qui se dressait devant lui. Il y avait des sangles et des menottes qui l'empêcherait de bouger. Il serait prisonnier.
Le docteur marchait avec difficulté jusqu'à ses étagères, triant ses outils avec précision.
    « Pas malade ? S'exclama-t-il à la surprise de Josselin. C'est moi le docteur. C'est à moi de décider si vous êtes malade ou non. Vous ne croyez pas ? »
    Évidemment, vu comme ça, c'était l'évidence même. Josselin se retourna et s'aperçut que la porte avait disparu. Il n'y avait rien qu'un mur qui surplombait cette face de la pièce.
    « Je suppose... Mais quand même...
    - Monsieur Marchant, je n'ai pas toute la journée. Installez-vous je vous prie ! »
    Le haussement de ton dans sa voix révélait son exaspération grandissante. Par une énergie du désespoir, Josselin se retint de paniquer et se dirigea vers le lit. Il ne pouvait pas s'asseoir, il ne
devait pas s'asseoir, mais c'était plus fort que lui. Quelque chose lui disait qu'il aurait des réponses en s'installant ici, pendant que son instinct lui disait de partir. Le brancard avait l'air relativement solide malgré son apparence. Josselin se mit sur la pointe des pieds pour poser son postérieur sur cette surface légèrement moelleuse et froide. Pendant ce temps-là, le docteur continuait son discours.
    « Il ne faut pas avoir peur comme ça, Monsieur Marchant. Personne n'aime en passer par là, mais il le faut tôt ou tard. Sinon vous vous réveillez un jour en vous rendant compte que rien ne va plus dans votre vie. Et alors... »
    Le docteur se retourna, une pince dont les bouts ressemblaient à des cuillères à la main, un rictus satisfait sur son visage.
    « C'est là qu'il faut tout changer ! »
    Josselin faillit hurler, et se précipita pour descendre du lit, quand le docteur l'attrapa violemment par l'épaule avec une vivacité étonnante. Sans qu'il n'ait pu rien faire, Josselin se retrouva attaché avec les sangles, suppliant le docteur de le laisser partir, laissant les larmes couler le long de ses joues.
    « Allons, allons, il ne faut pas se mettre dans des états pareils, reprit le docteur en tapotant l'aiguille d'une seringue tranquillement. Vous verrez, ça ne vous fera pas mal.
    - Mais qu'est-ce que vous me voulez à la fin !?! cria Josselin sur un ton hystérique. Vous allez me dire ce que je fiche ici ?!? »
    Le docteur fit une moue de désappointement, avant de se pencher sur son patient.
    « Enfin, Monsieur Marchant, vous êtes là pour nous poser des problèmes. Vous venez de l'extérieur et vous voulez nous empêcher de faire notre travail. Petit fouineur... »
    Alors il enfonça l'aiguille dans le cou de Josselin qui hurla à s'en éclater la gorge. Puis tout bruit cessa de se faire entendre. Le flou revint brouiller sa vision. Il perçut vaguement les outils s'entrechoquer au-dessus de lui, la pince du docteur s'affairer dans sa tête, la perceuse tourner devant ses yeux. Il ne comprenait pas ce qui se passait, mais il ne sentait également plus rien. Dans son esprit, il entendait cependant un rire. Le même rire que dans la chambre. La petite fille était assise sur l'établi du docteur. Depuis quand était-elle ici ? Josselin n'aurait su le dire. Ce fut comme si elle avait toujours été là...

    « Le projet Otherworld est un projet top secret. Il doit servir à empêcher l'autre monde d'agir sur celui-ci. Il doit servir à réparer la harpe qui entoure l'univers. Il doit servir à réparer la brèche. Des gens doivent être envoyés pour trouver une solution dans l'autre monde. L'autre monde aspire l'énergie de celui-ci, il faut l'en empêcher. Rapport du Docteur Tercouëh, le 4 mars... »


                                                                                           ***
                                          J'essaye de faire la suite pour samedi prochain maximum !

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