Bienvenue nouveau visiteur !

Salut à toi, voyageur des internets !
Ceci est un blog-roman.
Si tu es perdu, je te conseille d'aller au premier chapitre du roman, qui est tout à la fin, ici.


mercredi 11 novembre 2015

Morgane et Arthur part1 - La maison


 
   Morgane et Arthur 1


   Mâchonnant sans conviction sa bouchée, Morgane fit une grimace d'écoeurement. Elle reposa sa fourchette sur le bord de l'assiette, à l'endroit où démarrait une épaisse fêlure. Les haricots trempaient avec tristesse dans la sauce blanche, entourant une maigre saucisse pâle, esseulée au milieu du plat. Quand elle eut avalé ce qui macérait dans sa bouche, Morgane leva les yeux au ciel pour marquer son dégoût. Elle posa ses coudes sur la table, une pauvre planche dont les bords s'effritaient, et ignora le regard sévère de la personne assise en face d'elle.
   « C'est tout ce qu'on a, tu sais. »
   Morgane pencha la tête sur le côté et soupira, laissant ses longs cheveux noirs tomber en flot sur la table.
   « C'est immonde. Je déteste ces plats en boîte... Arthur, comment est-ce que tu veux continuer à me faire manger ça ? »
   Continuant inlassablement à porter sa fourchette à sa bouche sans laisser paraître aucune appréciation, Arthur ne répondit pas tout de suite. Morgane repoussa son assiette et s'écarta de la table en faisant bruyamment racler sa chaise sur le parquet. Elle fut interrompue par la violence du poing cogné sur la table.
   « Mange ce que tu as dans ton assiette et ne discute pas. »
   Morgane allait ouvrir la bouche pour répliquer, mais elle se ravisa et se rapprocha du plat qui la faisait fuir. La main hésitante, elle attrapa sa fourchette, glissant sur le manche, et la trempa dans le liquide blanc qui stagnait, telles les eaux d'un marécage. Lorsque trois haricots montèrent sur les dents, elle les souleva pour les amener jusqu'à l'antre de sa digestion. Morgane cessa sa comédie au bout de la deuxième bouchée et elle termina son assiette sans sourciller.
   Quand elle leva les yeux pour indiquer qu'elle avait fini, Arthur avait croisé les bras contre lui et la regardait. Son coeur fondit de plonger dans son regard attendrissant et elle oublia cet arrière-goût de couenne de mauvaise qualité. Elle amena sa main sur la table en direction d'Arthur, pour que celui-ci puisse poser la sienne par-dessus, tendrement. Cette main était toujours glacée, malgré la chaleur qui se dégageait de son corps. Morgane aurait préféré se blottir contre lui, mais le seul contact de sa main suffisait à la rassurer.
   « Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? Demanda-t-elle.
   - On peut rester ici encore quelques jours, mais pas plus. Sinon les Chanteurs nous retrouveront. »
   Morgane baissa la tête, l'air inquiet, essayant d'oublier cette réalité.
   « En attendant, tu peux lire ! S'exclama Arthur. Il y a beaucoup de livres dans la bibliothèque, notamment des contes. »
   Il voyait bien que Morgane s'efforçait de sourire pour lui faire plaisir. Elle quitta sa chaise pour se diriger vers le salon. Pendant ce temps, Arthur empila les assiettes ainsi que les couverts pour les poser dans l'évier en mauvais état. Il tourna le robinet, d'où un léger filet d'eau sorti. Avec le peu d'eau qu'il y avait, il lava la vaisselle, puis la déposer sur le côté.
   Ça faisait déjà cinq jours qu'ils s'étaient installés dans cette maison, et ils ne pouvaient se permettre d'y rester trop longtemps. Une semaine était environ le temps qu'il fallait aux Chanteurs pour chasser les gens et les tuer, ou les garder dans l'espoir d'en faire l'un des leurs. Arthur savait qu'ils convoitaient Morgane, car elle était une femme et elle avait la voix pure. Elle n'avait jamais bu l'eau des égouts, cette eau polluée et calcaire qui rendait la gorge râpeuse et douloureuse. Ceux qui ne trouvaient pas suffisant d'eau douce finissaient par avoir la même voix que s'ils fumaient dix paquets de cigarettes par jour. Ceux-là, les Chanteurs n'en avaient cure, bien qu'ils gardaient parfois les femmes pour procréer. C'est pourquoi Arthur faisait tout pour protéger Morgane de ces créatures. Chaque jour à l'aube et au crépuscule, il scrutait la ville par la fenêtre avec ses jumelles. Il décortiquait tous les morceaux de rue qu'il pouvait voir, toutes les fenêtres des maisons, tous les terrains détruits. Fonctionner comme ça leur a toujours épargné de gros problèmes. Bien sûr, il est arrivé qu'ils se fourrent dans des guêpiers plus d'une fois. Mais Arthur en gardait suffisamment un mauvais souvenir pour qu'il ne se permette plus de refaire la moindre erreur.
   « Arthur ! Tu viens ? »
   Essuyant ses mains sur son pantalon, Arthur alla dans le salon pour répondre à l'appel de Morgane. Elle était à genoux par terre, au pied d'une étagère où la majorité des livres étaient tombés. Se mordillant la lèvre, elle tenait dans ses mains un ouvrage assez léger à la couverture bleue. Lorsqu'Arthur entra dans la pièce, elle se tourna vers lui, les yeux brillants d'excitation.
   « Tu restes avec moi ? Demanda-t-elle avec une petite voix suppliante. »
   Décidément, Arthur ne pouvait rien lui refuser. Et puis, il n'avait rien à faire jusqu'au soir. Il tira vers la fenêtre un vieux fauteuil de grande taille, au dossier arrondi. Comme il était rempli de poussière, Arthur le frappa à plusieurs reprises, lâchant des nuages gris à travers la pièce. Morgane mit sa main devant sa bouche en toussant, puis elle ouvrit la fenêtre quelques secondes pour faire sortir la saleté. Une fois l'air à nouveau respirable et la fenêtre refermée, Arthur s'assit bien au fond du fauteuil et Morgane se précipita contre lui, entre ses jambes. Il referma ses bras autour d'elle pendant qu'elle ouvrait le livre pour le lire. Elle avait trouvé Alice au pays des merveilles, un roman classique qui datant d'un peu plus de 200 ans. Ça n'étonnait guère Arthur qu'elle veuille se perdre dans de telles fictions où les lois du monde tel qu'on le connaissait n'avaient pas prise.


                                   
                                                 ***

   Bonjour à tous, et désolé d'avoir mis autant de temps à reprendre ! Mais ne vous inquiétez pas, cette histoire est loin d'être terminée ! D'autant plus que j'ai décidé de continuer le NaNoWriMo (explications ici) avec cette histoire. Ne vous emballez pas, je ne mettrai pas un nouvel article tous les jours ! En revanche, je pourrais maintenir des délais de publication hebdomadaire pendant un certain temps. Bonne nouvelle pour vous !
Bis : Je m'excuse par avance, il y a eu un petit problème d'espacement, j'essayerai de corriger ça pour la prochaine fois.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire