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Si tu es perdu, je te conseille d'aller au premier chapitre du roman, qui est tout à la fin, ici.


mercredi 13 janvier 2016

Rasbow part2 - Au crépuscule du campement



   Rasbow 2


   Rasbow savait que les Chanteurs se réunissaient dans les villes, étant divisés en groupe afin de répandre leur pouvoir plus facilement sur le territoire. De son côté, ils étaient une vingtaine de personnes, dirigés par Champolion et par un autre homme qui s'appelait Lars. Il était très grand, les cheveux blonds en brosse et avec une quasi-absence de sourcils. Rasbow ne l'aimait pas beaucoup, il n'était pas très bavard et plutôt autoritaire. Lui n'essayait pas de lui faire comprendre les choses comme Champolion savait le faire. C'est pourquoi Rasbow le côtoyait le moins possible.
   Leur groupe se déplaçait grâce à un camion dont la batterie marchait miraculeusement encore. L'essence n'était pas ce qui manquait le plus bizarrement, il y avait toujours moyen d'en récupérer quelque part. De plus, l'un d'eux était un genre de chimiste-sorcier qui tentait d'inventer un nouveau carburant permettant de se passer de pétrole. Ses essais ne s'étaient pas encore avérés concluants, mais il y avait du progrès. Il avait même failli se faire sacrifier pour avoir fait sauter un des camions qu'ils avaient récupéré. Rasbow avait beaucoup ri ce jour-là, mais la situation n'était pourtant pas à la rigolade.
   Quand ils étaient en déplacement, Rasbow s'ennuyait alors il grattait constamment quelques notes sur sa guitare en chantonnant, recherchant des nouveaux sons. Certaines fois, ses compagnons s'en plaignaient et lui demandait de la fermer. Mais souvent, ils dormaient ou somnolaient les uns contre les autres sans se manifester durant tout le voyage. Pendant ces moments, Rasbow prenait son pied. Il fermait les yeux et se plongeait dans sa musique, le cœur débordant d'allégresse. Il n'était jamais aussi heureux que lorsqu'il jouait. Il s'imaginait des fois que l'âme de Keith Richards le possédait et lui faisait jouer des morceaux inimaginables que personne n'a jamais découvert.
   « Ferme-la Raz ! »
   Ce jour-là, ils s'étaient arrêtés dans une très grande ville. Le panneau d'arrivée indiquait « Orle » puis autre chose que Rasbow aurait eu bien du mal à déchiffrer. Il le savait car il était monté sur le toit du camion pour voir à l'avance où ils se rendaient. De plus, l'intérieur du camion était une infection. Il faisait sombre, les gens ne s'étaient pas lavés depuis longtemps et une portion de bouffe devait commencer à fermenter et à empester dans toute la cabine. Dans ces cas-là, l'entente au sein du groupe était plutôt tendue, et Rasbow ne se risquait pas à jouer quelque chose. La ville se trouvait entre deux collines et s'étendait vraiment sur un très grand territoire. C'était toujours impressionnant de voir autant de maisons aussi serrées et aussi nombreuses. Ces paysages rappelaient toujours à Rasbow son enfance, lorsqu'il habitait encore avec ses parents au même endroit. Comment s'appelait cette ville déjà ? Il ne saurait s'en souvenir.
   Le camion était entré dans Orle et avait suivi la route au milieu des immeubles sans s'arrêter. La ville ressemblait tout de même à n'importe quelle autre. Elle était en ruine, la moitié des bâtiments privés d'un morceau de leur armature, et des déchets trainant partout au milieu des rues. Les voitures n'étaient pas un problème, le camion avançant toujours en poussant les carcasses vides des véhicules barrant le chemin. Il arrivait parfois qu'il faille réparer une ou deux choses sur le devant, tellement le camion avait heurté d'objets, mais c'était sans gravité.
   « Arrête-toi là ! Avait hurlé Lars, au devant du camion. »
   La place ronde était à moitié envahie par les eaux. Le centre rempli autrefois de plantes pimpantes se gorgeait d'eau et était devenu un marécage où des plantes verdâtres avaient continué à pousser de manière démesurée. Le camion s'était arrêté à l'entrée de la place, laissant sortir tout le groupe qui jubilait à l'idée de sortir de la cabine. Rasbow avait repéré du haut du camion qu'une partie de la ville avait l'air inondée, sans doute dû à sa proximité avec la grande rivière qui passait au milieu. Il se demandait dans ce cas si ces eaux étaient potables.
   « Tout le monde en poste, et que ça saute ! S'écria Lars, visiblement pressé de donner des ordres. Les chasseurs, partez maintenant chercher des proies. Toi, toi et toi, allez chercher de la bouffe. Ensuite, on va installer le campement ici, et on aménagera une de ces maisons là... »
   Il continuait à pointer du doigt un nombre incalculable de choses en déblatérant des ordres à tord et à travers. Rasbow savait qu'au moins il finirait par se taire après ça. Il fut désigné pour installer le campement avec d'autres musiciens. Champolion surveillait cette opération et comptait les stocks. C'était le chef du matériel et de la musique, contrairement à Lars qui menait la chasse.
   Au milieu de la préparation, Champolion interpela les musiciens.
   « On va rester ici pour un moment, ça m'a l'air d'être un bon endroit pour communier avec le monde. On va voir ce que les chasseurs peuvent rapporter.
   - C'est pas grave qu'il y ait beaucoup d'eau vers nous ? Demanda Rasbow avec une pointe d'inquiétude.
   - Non, c'est même une bonne chose ! Il ne faut pas avoir si peur de l'eau, nous ne sommes pas à côté de l'océan, donc dans l'immédiat nous n'avons rien à craindre ! »
   Rasbow demeura tout de même vaguement inquiet. Il avait presque peur qu'une créature en sorte et dévore tout sur son passage. Sa mère lui avait souvent raconté des histoires à faire peur sur les monstres qui existaient dans ce nouveau monde. Mais ce n'était pas le moment de s'inquiéter de ces choses. Il valait mieux faire le travail demander pour l'instant.
   Une fois le matériel sorti et comptabilisé, les tentes installées et le camion garé correctement, ils investirent la maison qui se trouvait toute proche. Elle possédait un étage, ce qui serait suffisant pour installer tous les membres du groupe. A l'intérieur, il restait encore une bonne partie du mobilier, quelques boîtes de conserve non avariées et surtout des lits et des couvertures. Il leur suffit d'aller chercher d'autres matelas dans d'autres maisons pour entasser un dortoir dans leur nouvelle maison.
   Quand ils sortirent de la maison, les premiers chasseurs arrivaient avec des victimes. Il y avait deux enfants en bas âge, pleurant toutes les larmes de leur corps et portés par un chasseur qui en avait visiblement marre de leurs piaillements. Une femme en combinaison avec le visage en sang les accompagnait, le regard vers le bas et avec un air de résignation. Il restait encore un homme qu'un chasseur portait sur ses épaules car il n'était plus conscient. Champolion s'approcha, satisfait de ce qu'ils avaient ramené.
   « Super ! Amenez-les dans la cage pour le moment. »
   La cage était en fait un lot de quatre grilles qu'ils assemblaient lorsqu'ils campaient quelque part, sinon elles étaient entreposées dans le camion, par-dessus lesquelles le groupe s'asseyait. La cage était assez grande pour contenir une dizaine de personnes bien tassées. Mais l'avantage de la cage était de pouvoir attacher d'autres candidats au sacrifice tout autour avec de solides liens. Ainsi la cage pouvait contenir une trentaine même de personnes.
   Rasbow regardait les chasseurs enfermer les proies. Il avait de la peine pour elles, mais il savait bien que c'était nécessaire. De plus, si jamais ils trouvaient des personnes possédant encore la voix pure, ceux-ci auraient le droit de venir avec eux. Dans ce cas, Rasbow gagnerait encore d'autres compagnons à qui il pourrait faire écouter ses morceaux. Lorsqu'il croisa le regard de la femme, il eut du mal à détourner les yeux. Il la trouva très belle, la combinaison moulait sa grosse poitrine et ses hanches larges. Immédiatement, la fougue de Rasbow se réveilla et dressa le drapeau du désir sans prévenir. Surpris, Rasbow se détourna d'elle et tenta de penser à autre chose pour se calmer. Ce n'était pas possible d'être attiré par une proie. C'était une très mauvaise idée, étant donné qu'ils allaient être sacrifiés. Malgré lui, Rasbow espéra que la femme ait encore la bonne voix et qu'elle reste avec eux. Comme pour dissiper ses pensées, Champolion arriva vers lui et posa la main sur son épaule.
   « Il est temps de préparer le spectacle de ce soir ! Avec un peu de chance, nous aurons un public ! »


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